Quelques
mois plus tôt, les citoyens occupant ces logements avaient d’ailleurs
reçu l’ordre de nettoyer leurs vitres à leurs frais,
de déposer journellement leurs ordures là où les
balayeurs devaient les ramasser, de ne rien jeter par les fenêtres
et de n’y rien étendre. La propreté de chaque logement
devait être contrôlée par les inspecteurs une fois
par décade.
Enfin,
un citoyen fut chargé de la destruction des rats et des souris
dont le château était infesté.
D’autres
travaux d’entretien et d’aménagement furent menés
dans la cour. En nivôse an IV (janvier 1796), Leconte fut chargé
d’achever la démolition des bâtiments hétéroclites
qui l’encombraient encore, afin de poursuivre les plantations
commencées
en 1793. La construction de la grille devant la séparer de la place
du Carrousel, que l’hiver de l’an II avait ralentie, ne
fut achevée qu’en nivôse an VIII (décembre
1799) ; comportant deux portes, elle était haute de 2,76 mètres
et longue de près de 230.
Le
dôme du pavillon central reçut en brumaire an V (octobre-novembre
1796) le célèbre télégraphe inventé
par Chappe quelques années auparavant ; mais il fut démonté
dès l’été de l’an VI.
Le
Conseil des Anciens siégea donc dans la salle de Gisors pendant
quatre ans, employant un personnel nombreux. Le comité —
devenu commission — des inspecteurs, qui se réunissait au
pavillon de la Liberté, conserva ses attributions : police, consigne,
sûreté, propreté, surveillance des employés
et de la force armée, service de l’éclairage et
de l’arrosage de la salle des séances, poursuite des
prévenus
de délits contre l’ordre et la tranquillité. Deux
surveillants étaient plus particulièrement chargés
du maintien de l’ordre. Les huissiers assuraient le bon déroulement
des séances du Conseil, exécutant les ordres du président,
remplissant le service des tribunes, interdisant aux étrangers
l’accès à l’Assemblée. A cinq garçons
de salle revenaient entre autres l’ouverture et la fermeture
des portes de la salle en présence des huissiers et l’entretien
régulier du local, des tribunes, des escaliers et de la
cour. A cela venaient s’ajouter deux commis de poste, deux
facteurs, un garde-magasin du bois, six balayeurs, quatre veilleurs,
onze garçons
pour la garde des vestiaires, et bien d’autres.
Le
Conseil des Anciens possédait se garde particulière composée,
de par la Constitution, de grenadiers, de vétérans invalides,
de troupes de ligne et de vétérans volontaires, répartis
dans les divers corps de garde et pris, au nombre de quatre cents, dans
les armées du nord, de Sambre-et-Meuse, de Rhin-et-Moselle et de
l’intérieur. Elle était notamment chargée de
patrouiller dans les couloirs du château pour y dissiper les groupes
et y arrêter « ceux qui seraient dénoncés ou
reconnus provocateurs de mesures séditieuses contre le gouvernement,
les autorités constituées et la tranquillité publique,
ou distributeurs d’écrits contraires aux lois ». Les
soldats postés près de la salle du conseil devaient, à
la fin de chaque séance, former le cordon tandis que les tambours
battaient aux champs. La parade avait lieu régulièrement
sur la place du Carrousel.
Tous
les grenadiers ne remplissaient d’ailleurs pas leur fonction avec
le zèle que l’on pouvait attendre. Nombre d’entre eux
se laissaient entraîner par quelques filles de joie dans un corridor
souterrain reliant l’escalier des Archives à celui du pavillon
de l’Egalité.
La
Convention avait beaucoup contribué à l’entretien
du jardin National après les dégradations qu’il
avait dû subir au XVIIIe siècle et pendant les premières
années de la Révolution. Le Conseil des Anciens, lui,
l’embellit
merveilleusement et parvint à le transformer en l’un des
plus beaux jardins de France.
Trois
personnages étaient chargés de l’entretien et de l’embellissement
du jardin : l’orangiste, le pépiniériste et le jardinier.
Au premier revenait la culture des orangers qui, depuis le départ
des Cinq-Cents, étaient abrités dans la salle du Manège
convertie en serre ; au deuxième, celle des oignons de fleurs,
des plantes diverses et des arbustes ; au troisième, le regarnissage
des plates-bandes, la plantation des fleurs, l’arrosage des massifs,
le ratissage et le sablage des allées, la fauchaison des gazons,
l’arrachage des mauvaises herbes et des arbres morts, l’enlèvement
des immondices et des feuilles mortes, l’entretien des treillages
et des bassins.
Il
fut procédé dès frimaire an IV (décembre 1795)
à la réparation de tous les grillages, au nivellement des
allées et à l’arrachage des arbres morts, qui firent
ensuite l’objet d’une adjudication. Puis Saint-Cloud, Meudon,
Bellevue et Trianon fournirent de nouveaux orangers. Les tilleuls du jardin
de la Maison Nationale, ci-devant couvent de l’Assomption, vinrent
orner la terrasse des Feuillants. Le jardin fut garni de tulipiers de
Virginie, de tilleuls, de sycomores, de marronniers, de platanes ; les
parterres, d’épicéa, de lilas de Perse, d’acacia,
de rosiers provenant des pépinières de Versailles, de Rocquencourt
et de Noisy. Le cœur du bois fut éclairci, l’allée
centrale élargie ; des espaces vides furent aménagés. |