Le conseil des Anciens.

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L’espoir d’une nouvelle salle ne fut pourtant pas abandonné. Lorsque les Cinq-Cents eurent enfin pris possession du Palais-Bourbon aménagé, au début de l’an IV, les Anciens purent disposer des crédits autrefois réservés à leur installation. Devenu unique architecte du Conseil, Leconte soumit à la commission des inspecteurs, le 29 germinal (18 avril 1798), deux nouveaux projets. Le premier prévoyait la disposition des gradins de la nouvelle salle en demi-cercle, les tribunes publiques étant aménagées dans les murs du pourtour ; le second, plus ambitieux et plus original, le placement du bureau présidentiel à l’une des extrémités de la salle, les gradins étant disposés face à lui, sur une même ligne, et dominés à l’arrière par une haute statue de la Liberté. Effrayés par la perspective de gigantesques dépenses, les Anciens repoussèrent les deux projets.

La salle de Gisors, dont le plancher commençait à s’effondrer et qu’il fallut soutenir par des poutres, s’avérait pourtant de moins en mois sûre. Le 2 frimaire an VII (22 novembre 1798), Leconte proposa de nouveau un plan de local provisoire ; l’adjudication des travaux fut obtenue par l’entrepreneur Jeanton le mois suivant ; mais les travaux ne furent jamais menés à leur terme. L’ancienne salle de la Convention abrita donc le Conseil des Anciens jusqu’au coup d’Etat du 18 brumaire.

Les efforts du Corps législatif pour aménager et entretenir au mieux le vieux château n’en furent pas mois réels. Les Anciens n’étant qu’au nombre de deux cent cinquante, le nombre de places fut diminué, et les banquettes remplacées par des sièges individuels munis de pupitres, conformément au vœu de Lavillière-Lépeaux. La Constitution de l’an III stipulant que le nombre de citoyens composant le public ne devait pas dépasser la moitié du nombre de députés, les tribunes populaires ne comptèrent plus que cent vingt-cinq places, au lieu de mille trois cents ; les deux grandes tribunes semi-circulaires des extrémités furent condamnées. Le Conseil fut doté d’une bibliothèque installée, avec un cabinet de travail et une salle de réunion, dans les trois pièces du corps de bâtiment méridional qui précédait le pavillon de l’Unité, et formée des bibliothèques du Comité de législation et du Comité d’instruction publique. Leconte fit établir des armoires dans les galeries du rez-de-chaussée, de chaque côté du pavillon de l’Unité, pour la conservation des costumes des représentants : redingote bleue, ceinture tricolore, long manteau rouge, toque de velours ronde, carrée à son extrémité supérieure, de couleur bleu-violet et ornée d’une plume tricolore, médaille en argent portant l’inscription « Conseil des Anciens », et remplaçant la carte de député. D’autre part, plusieurs salons furent agrémentés d’ornements divers ; la salle des Archives fut décorée de bustes, de cheminées, de marbres et de vases. Le mobilier, les horloges furent régulièrement entretenus.

Mais la sécurité des personnes semblait de plus en plus menacée par la vétusté du château. En messidor an V (juillet 1797), Leconte constatait le délabrement avancé des toitures, des planchers et de la plomberie. L’intérieur du pavillon de l’Unité exigeait une restauration importante. Le plancher du pavillon de la Liberté, menaçant ruine, fut étayé, et la poutre, cassant elle-même, dut être remplacée. Un incendie se déclara une nuit près des vestiaires mais fut rapidement éteint ; six tonneaux à eau furent disposés dans le château en floréal an VII (avril 1799), et l’architecte-inspecteur se vit remettre les clés de tous les logements pour pouvoir y procéder à des visites régulières.